French Studies Publications
La condition tragique de l’homme dans la Silve IV des Juvenilia de Théodore de Bèze
Document Type
Article
Publication Date
2008
Volume
44
Issue
II
Journal
Etudes Françaises
First Page
85
Last Page
105
Abstract
Trois ans avant la publication de l’Abraham sacrifiant, Théodore de Bèze publie au sein de ses Juvenilia (1548) une Silve latine qu’il désigne comme la préface des Psaumes pénitentiaux. Ce poème narratif en hexamètres propose une récriture de l’épisode au deuxième livre de Samuel, dans lequel David commet le péché d’adultère avec Bethsabée et envoie à une mort certaine Urie, le mari de la jeune femme. Bèze souligne le caractère puissant et diabolique de la tentation à laquelle David, roi pieux, n’évite pas de succomber. Dans un échantillon remarquable d’imitatio virgiliana, il narre dans le détail la réaction du pénitent lorsque celui-ci apprend que son méfait a suscité la colère de Dieu. Au lieu d’inscrire son apologie de David dans la lignée patristique qui depuis saint Ambroise perçoit le fils de Jessé comme une préfiguration du Christ, l’exemplum de l’homme pieux susceptible de pécher lorsque la tentation semble irrésistible, Bèze s’intéresse davantage à la souffrance intérieure et spirituelle de l’homme élu mais coupable devant Dieu. Le caractère proprement tragique de l’épisode réside dans cette souffrance du pécheur qui regrette vainement son état antérieur.
Three years prior to the publication of his tragic play Abraham Sacrifiant, Théodore de Bèze published in the collection of Latin poetry entitled Juvenilia (1548) a Latin Silva which he designated as the prefatory piece to the penitential Psalms. This narrative poem written in hexameters offers a re-writing of the episode in Samuel II where David commits the sin of adultery with Bathsheba and then sends her husband, Uriah, to a certain death in battle. Bèze carefully underlines the powerful, diabolical nature of the temptation which David is unable to resist. In a remarkable display of imitatio virgiliana, the poet provides a detailed narration of the repentant David’s reaction when he learns that his misdeed has provoked the ire of the Lord. Moreover, instead of writing an apology of David in keeping with the patristic tradition which perceives the son of Jessie as a figure of Christ, and an exemplum of the deeply pious man who is nonetheless vulnerable when faced with a seemingly irresistible temptation, Bèze focuses on the spiritual suffering of the Elect man who becomes guilty in the eyes of God. The authentically tragic element in this poetic rendering of the episode resides in the suffering of the sinner who seeks in vain to regain his former condition.