Electronic Thesis and Dissertation Repository

Degree

Doctor of Philosophy

Program

French

Supervisor

LATE LAWSON-HELLU

Abstract

La plupart des lectures proposées sur les textes des femmes d’Afrique au Sud du Sahara de la deuxième génération s’inscrivent en effet dans le paradigme du dévoilement, c’est-à-dire de la critique sociale, aux côtés de la problématique identitaire individuelle largement soulignée. Force est de constater cependant que l’écriture de ces romancières, pour le volet de la critique sociale, comporte aussi un aspect qui va bien au-delà du « dévoilement ». En mettant au jour la réalité que vit la femme dans la société, l’écriture se fait l’expression de la part de cette réalité qui ne fait pas l’assentiment dans le discours d’usage, littéraire comme critique ; d’où l’intérêt, par exemple, de la posture de Ken Bugul face à la question particulière de la polygamie. Ici, c’est le tabou dans toutes ses formes et acceptions qui imprègne le regard que l’écriture propose de la réalité de la femme, et qui demande le recours à un paradigme plus à même d’en rendre compte. Le paradigme du non-voilement justifie son sens, dans la mesure où il supplée au discours critique inhérent au principe du « dévoilement » d’ordinaire retenu, pour envisager l’ensemble de la posture discursive sociale de l’individu écrivain dans les termes de son intentionnalité. Plus qu’une démonstration, c’est une « monstration» (du latin « monstrare » qui veut dire présenter, faire voir à l’oeil nu), une sorte de témoignage. Il s’agit d’une description du contexte socioculturel et historique qui entoure l’émergence et la compréhension du texte littéraire. Aucune perspective théorique critique n’est plus à même de nous conduire à la mise au jour d’une telle finalité socio-discursive du texte que la sociocritique. Tout texte littéraire joue un rôle de médiation entre le social et la fiction. En s’appuyant sur la sociocritique, la mise au jour du principe du non-voilement entend restituer toutes les médiations qui organisent et réorganisent, construisent et déconstruisent les différents aspects et représentations du vécu quotidien individuel et collectif dans l’oeuvre étudiée. Le paradigme du non-voilement va donc permettre de restituer à l’oeuvre sa teneur sociale, c’est-à-dire sa représentation des réalités politiques, artistiques, économiques, idéologiques, culturelles qui, comme dans le cas de l’écriture des femmes de l’Afrique francophone au sud du Sahara, président à la production de l’oeuvre littéraire.

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